Jour 05 : 03 mai 2019, Chyamche (1385 m) – Chame (2670 m) 34 km – 98 km

Nous entamons la journée par le marathon du petit-déjeuner. Comme toute course d’endurance qui se respecte, nous commençons lentement, les portions servies sont titanesques. Le combat semble inégal, après le repas d’hier soir, nous n’avons pas grande faim. Tant pis, nous entreprenons la bagarre sans découragement, la lutte est rude, c’est bon, le premier plat est avalé plus que deux, allez le second, ça y est, le dernier plat, nous sommes à bout de souffle, les dernières bouchées sont rudes, plus que trois, deux, une bouchée et voilà, l’impensable arrive, le plat est fini.

Le plus compliqué après cela, c’est de se mettre en route, les paysages enchanteurs nous procurent l’énergie nécessaire pour se lancer. Nous coudoyons toujours cette rivière, chargée de petits débris de roche provenant des glaciers de haute montagne, de très haute montagne, ce sont les plus hautes montagnes du monde tout de même.

Les petits villages passent et ne se ressemblent pas, certains à flan de montagne, suspendus dans le vide, très pauvres, un toit en paille et quelques poutres en guise de maison, d’autres grands, nichés sur des hauts plateaux, entourés de culture et de bêtes, nous trouvons du maïs, des choux, des patates, du riz, du blé, des oignons et deux ou trois légumes que nous ne connaissons pas, les derniers vivant de l’exploitation des galets de la rivière, femmes et enfants tamisent les gravas et séparent les gros cailloux du sable.

Vers midi, une dame nous accoste et nous propose un repas, nous nous arrêtons avec la vue sur le Manaslu, admirable 8000, que nous ne voyons pas en réalité puisque nous sommes dans la brume, mais c’est écrit sur un panneau à l’entrée de la maison, je m’efforce de le croire.

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L’après midi, nous marchons quelques kilomètres avec deux Israéliens, nous parlons de la délicatesse de la langue française, je ne suis pas objectif sur ce point là. Ils me disent qu’elle est mélodieuse et qu’ils souhaiteraient l’apprendre, ils me le déclarent après que j’ai prononcé cette phrase particulièrement eurythmique : « Putain Aude, t’as vu cette vache, elle a le cul en choux-fleur et dégueu en plus, on dirait qu’elle vient de chier ». Ah, la vénusté de la langue française ne se discute pas !

Nous les quittons et rejoignons Chame pour cheminer vers les bains d’eau chaude, parfaits pour une fin de journée relaxante. L’eau est en effet brûlante, elle chauffe nos corps endoloris par l’effort d’une ascension enchanteresse.

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